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Comment j’ai trollé le lancement de Direct Radio

directradio-186117[1]

26 juin 2014, les 5 grands groupes radiophoniques français (NRJ, RTL, Radio France, NextRadioTV et Lagardère) convient les journalistes pour le lancement de l’association : Plateforme Radios. Dans la nuit, Thierry Wojciak de CB News annonce que l’association lancera l’application Direct RadioNi une ni deux, j’achète les noms de domaine directradio.fr et plateformeradios.fr.

Mon objectif était clair : je vais leur vendre le site plusieurs millions de dollars ! Mais vu que je n’ai pas eu beaucoup de demandes d’achat, j’ai finalement opté pour une solution plus subtile, marrante et moins mercantile. Je vais créer un faux site pour l’application et attirer le plus de monde dessus. Il fallait que le tout reste crédible et qu’on se dise que l’axe de communication soit moderne, drôle et potache. Dans l’air du temps quoi…

A la recherche du thème wordpress parfait.

Il me fallait un thème simple et moderne, j’opte donc pour un thème One Page Scrolling, le site vitrine parfait pour une application. Je suis surpris de voir si peu de thème de ce genre là gratuit, alors qu’on en trouve des centaines plus complexes à 0€, ceux là se payent entre 30 et 70$. Heureusement, je trouve Starter, un template gratos qui fera parfaitement l’affaire. Ca reste un peu complexe à mettre en place mais après 2-3h j’arrive à faire quelque chose de pas trop moche.

Le contenu : l’avantage d’un site vitrine, c’est que 2-3 images font de n’importe quelle application quelque chose de révolutionnaire et d’attirant. Je fais donc 2 visuels dans le slider dont un qui pète aux yeux pour impressionner le visiteur.

directradio visu

Il me fallait jouer avec les sujets polémiques des professionnels de la radio : Radio Numérique Terrestre, Quotas de chansons françaises, qualité du son, diffusion en ligne… Pour moi, ça donnait à cette association une forme de communication impertinente plutôt fraîche et moderne qui les détachait totalement des débats pour essayer de chercher le consensus au sein de la profession. Ca m’a rappelé ce qu’avait fait France Bleu pour le lancement de leur application Football, où Jacques Vendroux cassait les codes de la communication de France Bleu pour vendre un truc moderne :

L'applic France Bleu Foot présentée par Jacques… par francebleu

 

Réveiller les détracteurs

Pour faire connaître le site, il fallait que j’aille communiquer directement avec les journalistes mais également réveiller les detracteurs de l’opération pour qu’ils me fassent la publicité. Pour faire (très) simple, la radio en France c’est ça :

radio-en-france

 

Pour faire encore plus simple, ces 4 groupes sont concurrents, ils ont des relations cordiales mais également des sujets de tensions. Pour simplifier encore plus, il y a 80% de chance pour que quand quelqu’un du groupe « Les indépendants » dit quelque chose, le groupe « Groupes Nationaux » répond violemment et vice-versa. Sur la RNT (Radio Numérique Terrestre) par exemple : certains indépendants et associatifs sont pour, Radio France attend les ordres du gouvernement et les groupes nationaux sont contre. Sur les quotas de chanson française : Les Indépendants, Associatifs et Groupes Nationaux sont plutot pour une baisse et Radio France n’a pas d’avis car n’est pas concerné… Donc forcement, pour avoir travaillé au SIRTI pendant 5 mois, je savais qu’ils allaient être virulent sur le sujet d’application radio et surtout sur l’association public-privé. Ca n’a pas loupé.

Pour attirer les regards sur directradio.fr, j’ai donc créé le compte Twitter @DirectRadioFr, (ce que l’association n’a pas fait, alors que ça aurait peut être été la base de toute communication).

directradio

 

Et j’ai juste tweeté ce message simple :

Maintenant, il fallait que tous les concernés le voit :
les dirigeants et responsables digitaux des groupes qui lancent l’application.
+ les journalistes conviés qui enquêtaient déjà sur l’application.
+ les opposants qui allaient faire tourner le lien.

= Une petite cinquantaine de personnes au total.

Et ça a eu son petit effet :

 

Campagne Adwords

Comme mon site n’aurait pas le temps d’être bien référencé et comme je doute aussi d’un bon référencement sur des templates gratuits en page unique, je décide de m’aider d’AdWords. Le programme publicitaire de Google. Ma volonté : aller chercher tous ceux qui cherchent : « direct radio » « direct-radio » ou directradio. Ni les termes « radio » où « écoute en ligne » ne m’intéressaient parce qu’ils sont beaucoup trop chers car très demandés. Mon seul but est de récupérer seulement ceux qui cherchent des informations sur l’application.

J’ai pris le parti de jouer sur le second degrés : « 45 milliards de radios à 2-3 près » pour intriguer ceux qui verraient l’annonce en haut.

Après un jour, les stats ont été correctes : plus de 1000 impressions et 10% de clics. Ce qui est une très bonne moyenne. 1 personnes sur 10 qui a vu le lien, a cliqué dessus.

Résultat

700

700 sessions sur le site directradio.fr pour le jour du lancement avec seulement une centaine due à AdWords. Ok je suis loin du buzz international, le million de vues n’est pas encore là mais mon but était de n’attirer que les passionnés de radios, journalistes et responsables des médias. Le grand public n’avait pas vraiment d’intérêt pour moi et il n’y avait pas vraiment d’interet pour eux. Le plus grand plaisir, c’est quand un journaliste a posé une question lors de la conférence de presse sur mon site en croyant qu’il s’agissait du vrai. Je me dis que là, j’ai tout gagné.

Au final, que je puisse faire tout ça sans aucun mal révèle d’un pré-lancement difficile et que je trouve fait à la va-vite.  Pourquoi pré-lancé une future application et pourquoi ne pas avoir fait une conférence le jour du lancement de l’application. Le jour où nous tous pourrions la télécharger. D’après ce que j’ai compris, les groupes se sont partagés les rôles : Radio France a plutôt géré la technique, RTL la communication etc etc. Cette application n’a donc pas nécessité beaucoup de budget, ils se sont servis de leurs propres moyens humains et techniques pour la lancer. Mais, en septembre, quand elle sera lancée, ils auront besoin de  budget pour gérer le « SAV », les bugs de flux, les questions, les demandes des radios, la faire connaître et surtout la rendre innovante et compétitive. Pour la faire connaître, ils vont utiliser leurs antennes, des messages disant qu’il faut télécharger l’application Direct Radio passeront assez souvent. Ils ont déjà fait ce système de message commun pour dénoncer les quotas de chansons françaises.

Si j’ai bien compris : le but est de mettre cette application sur les autoradios connectés des futures voitures. En faisant simple, Peugeot ou Renault n’auront pas droit à 5 lobbying différents leur demandant d’ajouter toutes les applications radios des groupes mais seulement une : mettez Direct Radio. Même combat pour les nouveaux entrants dans le marché de l’automobile : Apple, Google et Microsoft. Il va falloir les convaincre et pour cela il va falloir être soit très persuasif, soit compétitif – avoir de l’argent ou être le meilleur. Il va être difficile de concurrencer l’américain TuneIn Radio, le leader du marché sur les applications radios, qui est financé depuis une dizaine d’années par le fond Google Venture. Il a d’ailleurs recruté un French Associate Editor en France qui a pour mission de réorganiser et mettre à jour les données des radios. Même sans voir si loin, en France, les radios indépendantes ont créé l’application « Le Mur du Son » qui permet d’écouter une radio locale indépendante en fonction de la musique qu’on a envie d’écouter. D’un autre côté, peut être aurait il été plus judicieux d’investir au sein d’une application « indépendante » des radios comme peut l’être RadioLine (made in France). Au final, au lieu d’avoir une dizaine d’application française différente, il serait peut être temps de faire une coordination nationale et que toutes les radios françaises (qui le souhaitent) soient disponible sur UNE application mobile intégrée obligatoirement dans tous les nouveaux autoradios connectés vendus en France et que cette application aie les moyens de ses ambitions. J’ai bien peur que cette guerre des groupes va causer le média radio à sa perte, ils devraient tous être unis contre les nouveaux entrants, faire du lobbying ensemble au niveau Européen pour sauver ce média face aux Spotify, iTunes et autre Beats.

Smartphone-Direct-Radio

Voilà un des seuls visuels que nous avons pu voir pour présenter l’application Direct Radio. Outre le fait que je découvre que BFM TV est une radio ;), elle ne parait pas très innovante. On appuie sur une radio, on lit le flux, on met en favoris… Globalement, elle ne vise pas à concurrencer TuneIn (qui peut rapporter de l’argent aux radios via des pré-roll) mais les petites applications qui ne  rapportent qu’à ses créateurs via la pub ou des achats intégrés. Très simples, développées en 3 secondes et malheureusement très bien notées.

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Pour l’instant, seulement une vingtaine de radios sont disponibles sur Direct Radio : celles des grands groupes. Mais si 200 radios demandent l’adhésion, comment seront elles classées, trouvées et recherchées ? Seront elles mises en retrait derrière les grandes, seront elles triées par localisation ? On verra bien lors de la conférence de presse du lancement de l’application. Disons qu’elle est en version alpha 😉

 

Direct Radio.fr

Bon, maintenant que j’ai fait ma blague avec Direct Radio.fr, je ne sais plus quoi à en faire. S’il vous interesse, contactez-moi !

En résumé : pourquoi j’ai dépensé de l’argent pour faire ça ?
Pour le simple plaisir du troll.
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Et aussi parce que je cherche actuellement du travail. (comme à chaque fois que j’écris sur ce blog)
 

Theo

Life is a beautiful sport

beubeu, diminutif ridicule de Benoit Lebreau.

www.klaire.fr/

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